Ne boudons pas notre plaisir ...

Il est des lieux communs qu’il est agréable de répéter.
Oui, la musique de Mozart procure du plaisir à ceux qui l’entendent et à ceux qui la jouent ou qui la chantent.
C’est donc à une soirée de petits plaisirs musicaux que nous vous invitons.

 

On pourrait presque dire que Wolfgang, né en 1756, s’est diverti à écrire son journal d’humeurs dans ces petits motets de circonstances. Comme s’il avait voulu nous laisser des traces de ses progrès de compositeur.
Débordant de jeunesse, de vitalité, de spontanéité, d’audace, le petit Mozart, encore enfant nous stupéfait par l’écriture des premières œuvres : le Venite Sancte Spiritu (KV 47) est de 1768. Mozart a donc 12 ans !
Ce qui est d’ailleurs remarquable dans cette œuvre, c’est que tout le style Mozart, tout ce qui le caractérise, et qui fait qu’à la première note, on dit avec sûreté « ça, c’est du Mozart », tout cela est déjà dans cette œuvre. C’est un festival de rythmes, d’énergie, de vocalises dans toutes les directions, pour le chœur, en groupe, en pupitres, ... Tous les artifices spectaculaires, appris au cours des voyages en Italie, en France, et en Allemagne portent leurs fruits. Ce petit garçon a beaucoup écouté les autres auteurs et son talent de virtuose prodige a retenu tout ce qui a pu enrichir sa panoplie de magicien de la musique.

Plus classique dans la forme, le « Te Deum » KV 141 de 1769 (13 ans) est un excellent exemple de l’écriture contrapuntique que Mozart découvre de ses voyages à travers l’Europe, et principalement l’Italie. On peut très bien admirer les feux d’artifices vocaux et se replier sur une plus grande sobriété. Peut-être une trace de l’héritage de Jean Sébastien Bach découvert à Londres auprès du plus jeune fils du Cantor ?

On suit d’ailleurs avec intérêt le parcours et le voyage créatif de Mozart au travers de ses motets : progressivement, le style se dépouille, l’écriture se resserre, et la connaissance de la voix se fait plus sure. Ainsi le motet « Benedictus sit Deus » KV 117 fait la place belle à une voix de jeune soprane. On sent que l’enfant chanteur n’est pas loin mais la technique du chant est encore à perfectionner.

Avec l’âge, la maturité, les moyens se contractent et l’on peut ainsi raccourcir les pièces.

Déjà en 1777, le motet « Sancta Maria » KV 273 est d’une écriture beaucoup plus harmonique et l’auteur fait appel à l’intelligence de ses interprètes, délaissant les moyens techniques pyrotechniques des premières œuvres.
Bien sûr, le parcours vocal se termine par le plus célèbre des motets: « Ave Verum Corpus » KV 618 de 1791. Toutes les grandes œuvres sont écrites, enfin, toutes celles qu’il a eu le temps d’écrire, puisqu’en même temps que la Flûte enchantée, cette commande est mise à l’écoute de nos oreilles subjuguées. Mais c’est déjà la fin du parcours. En 1791, à 35 ans, Mozart reste un jeune compositeur dans la grande maturité mais il meurt quelques mois après, nous laissant sur une faim musicale insatiable.

 

En complément de programme, nous vous proposons le motet, « Exsultate, jubilate », pour soprano solo, composé par Mozart en 1773, pour le castrat Venanzio Rauzzini.
C’est la même veine de joie et de jeunesse que pour les motets pour chœur de la même époque, si ce n’est que Mozart a déjà acquis une expérience de compositeur d’opéra. Sa connaissance de la voix soliste a été confortée et ce motet est un plaisir pour les chanteurs et pour les auditeurs.

Enfin, il aurait été totalement impardonnable de ne pas associer à ces motets leur pendant instrumental qu’est, dans la liturgie viennoise, la sonate d’église.
Mini-concerto pour orgue, cette forme ne participe pas à la même logique de virtuosité que les très célèbres concertos de Georges Frédéric Haendel en Angleterre, ou ceux moins connus de Michel Corette en France ; en effet les œuvre de Mozart sont conçues pour l’église, dans un cadre liturgique, alors que leurs homologues français et anglais sont des œuvres pour le concert exclusivement.
Les sonates d’église de Mozart ont été écrites lors de sa période Salzbourgeoise principalement et traduisent aussi l’asservissement qui lui était imposé par l’Archevêque Coloredo, joug si mal accepté et qui entraîna progressivement l’abandon de la production massive de musique religieuse pour Mozart.

 


Que ce concert, dédié au renouveau, à la jeunesse et à la beauté suprême vous transporte de joie et de plaisir comme nous en avons eu à le préparer pendant une année !

 

Vive Mozart !...