Les compositeurs des œuvres de commémoration de la guerre 14-18


 

 

  Marcel DUPRE, à l’époque jeune organiste de talent, (il vient d’avoir 31 ans en 1917) est seulement le suppléant de Charles Marie WIDOR à Saint Sulpice. Mais si la présence des anciens maîtres ne lui permet d’accéder à une tribune parisienne prestigieuse, (il attendra 1934 pour que WIDOR, alors âgé de 84 ans, lui laisse enfin sa place !), il est quand même l’organiste français le plus célèbre au monde et le représentant de la jeune génération.

 A lui les tournées internationales triomphales, la découverte des gigantesques orgues américains, et la fréquentation de l’élite musicale internationale.

 C’est donc tout naturel que l’Église de Paris lui commande la musique d’une célébration de commémoration des morts de la guerre. Et cela dès 1917. Il faudra toutefois attendre 1924 pour que cette musique résonne enfin sous la baguette de Paul PARAY.

 

DUPRE, en bon organiste liturgique, connaît son missel grégorien et c’est donc tout naturellement qu’il va choisir le thème du DE PROFUNDIS, le texte magistral de la déploration.

 Pour théâtraliser sa musique, il utilise des effets sonores constitués de l’orgue, d’un orchestre dans la première version, de chœurs et de solistes. Le langage musical est résolument moderne, atonal et son œuvre se veut à l’avant-garde.

 Elle n’aura malheureusement pas la postérité espérée, car trop marquée « commémorative », elle ne pourra pas retrouver sa place dans d’autres usages.

  Oubliée, elle sera reprise en 1971 pour fêter les 65 ans de jeu de DUPRE à Saint Sulpice (depuis 1906… une belle tranche de vie tout de même !) et enfin quelques jours après pour ses obsèques…

 

Pour compléter le programme de ce concert, des œuvres d’autres compositeurs marqués par la guerre sont proposées à votre écoute.

 

 Quelques mots sur Lili BOULANGER (1893 – 1918), la jeune sœur de Nadia BOULANGER, qui meurt en 1918, à quelques jours près au même moment que Claude DEBUSSY (1862 – 1918). La tuberculose a encore frappé. Un génie absolument méconnu qui a traversé en fulgurance le début du XX° siècle. Elle meurt en dictant ce PIE JESU à sa sœur Nadia. C’est évidement un testament musical et une ouverture sur tout le langage du siècle.

Les autres auteurs, Gabriel FAURÉ (1845 – 1924), l’organiste athée qui a écrit le plus beau des Requiem de ce début de siècle, Francis POULENC (1899 – 1963), le diablotin religieux, issu de la génération sacrifiée, sont tous à leur façon porteurs du message de paix qui va déferler sur le XX° siècle par la voix des artistes.

 

 

Quand à Johannes Barend LITZAU, un compositeur néerlandais qui ouvre ce programme, il est l’illustration de la pérennité du thème de l’appel à Dieu de l’homme dans la détresse.